Abeilles sur le couvain @Tristan Kistler (licence CC-BY)

Réduire l’intervalle entre générations d’abeilles par phénotypage partiel : une stratégie intéressante en sélection apicole ?

L’équipe GUPPIE vient de publier une étude de simulation de plans de sélection dans la revue Heredity sur la contribution du phénotypage partiel visant à réduire les intervalles entre générations pour accroître les gains génétiques dans des populations d'abeilles en sélection.

L'élevage des abeilles est organisé autour de cycles annuels, suivant les changements saisonniers. Les intervalles entre générations sont donc généralement des multiples d'années entières. La plupart des reines sont généralement élevées au printemps ou au début de l'été dans les climats tempérés. Un intervalle de génération d'un an limite le phénotypage aux caractères mesurables précocement, avant le printemps suivant la naissance des reines. Certains caractères ne peuvent cependant être mesurés que plus tard, comme c'est typiquement le cas pour la production annuelle en miel. Leur évaluation sur les candidats à la sélection engendre donc un intervalle de génération d’au moins 2 ans, un intervalle courant sur la voie maternelle.

Par simulation stochastique, nous avons étudié l'impact d'une réduction de moitié de l'intervalle de génération sur la voie maternelle en limitant le phénotypage à un caractère mesurée précocement sur les candidates à la sélection. L'intervalle de génération sur la voie paternelle a été maintenu à 2 ans avec un phénotypage complet.

Des objectifs de sélection avec des pondérations variables sur les caractères précoce et tardif ont été considérés, ainsi que des corrélations génétiques négatives à positives entre les caractères. L'accélération du plan de sélection a généralement augmenté le gain génétique pour les objectifs de sélection à deux caractères, de 0% à +47% après 20 ans de sélection. Bien que les taux de consanguinité par génération aient été légèrement inférieurs dans le programme de sélection accéléré, les taux de consanguinité par année ont été significativement plus élevés. Cela s'explique par le renouvellement plus rapide des générations (+33 %), qui entraîne des coefficients de consanguinité de 20 à 30 % plus élevés (+0,04 à +0,07) après 20 ans de sélection.

Pour éviter une consanguinité trop élevée, le raccourcissement de l'intervalle entre générations devrait s'accompagner de stratégies visant à limiter la consanguinité tout en conservant la majeure partie du gain génétique, telle que l'augmentation de la taille du noyau de sélection.

Référence : 
Kistler, T., Brascamp, E.W., Basso, B. et al. How partial phenotyping to reduce generation intervals can help to increase annual genetic gain in selected honeybee populations. Heredity (2025). https://doi.org/10.1038/s41437-025-00768-8